Inclusive by use




Pendant des siècles, les objets de soin à domicile sont restés marginaux dans l’espace social. Réalisés de manière artisanale, souvent sur mesure, ils étaient réservés à une élite sociale, en particulier aux classes nobles ou bourgeoises. Jusqu’au début du XXe siècle, ce type d’équipement restait rare, artisanal et souvent conçu pour des personnes nobles ou fortunées, dans une logique de confort plus que d’accessibilité universelle. Ce n’est véritablement qu’à partir de la Seconde Guerre mondiale qu’un changement de regard s’opère : les personnes handicapées, jusque-là largement marginalisées, sont désormais perçues comme des blessés de guerre, c’est-à-dire comme des citoyens ayant droit à réparation, soin et réintégration dans la société. Cette évolution marque un tournant majeur dans l’histoire des aides techniques, qui commencent alors à être pensées comme des droits et non comme des privilèges. Le développement industriel des prothèses, fauteuils roulants, attelles ou lits médicalisés s’inscrit alors dans une logique de reconnaissance politique : les aides techniques deviennent non plus un luxe, mais un levier de citoyenneté. Cette bascule historique, où l’objet de soin passe du sur-mesure élitiste à l’outil d’émancipation démocratique, constitue un moment clé dans la construction de l’accessibilité moderne — un moment qui pose encore aujourd’hui la question des conditions de production, d’attribution et d’appropriation des aides techniques dans les espaces domestiques.